BECLA Batterie d'Evaluation Cognitive du Langage

by - mars 09, 2021

*Batterie d'Evaluation Cognitive du Langage*


La BECLA est destinée à l’évaluation de première intention des troubles acquis du langage chez une population adulte. Elle se fonde sur l’approche cognitive basée sur le modèle théorique du traitement de l'information linguistique. 

Elle permet d’identifier les composantes de traitement altérées ou préservées et de déterminer l’origine fonctionnelle de l'atteinte cognitive. 

Cette batterie a été créée en langue française québécoise. 


*Epreuves*

Elle est basée sur les modèles de traitement cognitif
des mots et comporte 19 épreuves en évaluant les diverses composantes :

> la reconnaissance des mots entendus et écrits :
    >> discrimination auditive
    >> décision lexicale orale et écrite 
    >> appariement de lettres

> le traitement sémantique :
    >> appariement sémantique d’images
    >> appariement mot entendu-image
    >> appariement sémantique de mots écrits

> la production orale des mots :
    >> dénomination orale d’images
    >> jugement de rimes sur images
    >> jugement de rimes sur mots écrits
    >> répétition de mots et de non-mots
    >> répétition de mots et de non-mots différée

> la lecture et production écrite des mots :
    >> lecture de mots et de non-mots
    >> dénomination écrite d’images 
    >> écriture sous dictée de mots et de non-mots.

*Normes*

Cette batterie est normée sur une population franco-québécoise adulte composée de 138 femmes et 110 hommes, âgés entre 18 et 94 ans. 

Les normes prennent en compte l'âge et/ou le niveau scolaire selon les épreuves. Il est donc possible de comparer les scores de nos patients à la norme en fonction de leur âge (moins de 35 ans ; entre 36 et 55 ans et plus de 56 ans) et de leur niveau de scolarité (de 0 à 12 ans et plus de 13 ans). 

Les analyses statistiques n’ont pas révélé d’effet sur la variable genre (homme/femme).

*Passation*

Le temps moyen de passation chez des sujets sains est d’environ 60 minutes.
Pour chacune des épreuves, l’objectif de la tâche, la procédure et la consigne sont clairement définies. Le type de stimuli est également précisé sur chaque protocole. 

Une cotation binaire est proposée : 1 point par bonne réponse ; 0 point si erreur. Chaque épreuve cotée est précédée d’items d’exemples. Un score total est obtenu à chaque épreuve ainsi que des sous-scores en fonction des paramètres psycholinguistiques pris en compte dans telle ou telle épreuve. Par exemple, à l’épreuve de dénomination, sont spécifiées la fréquence (basse/élevée) et la catégorie (manufacturé/biologique) pour les noms ou encore le nombre d’arguments pour les verbes. Pour l’épreuve d’écriture sous dictée, nous retrouvons le degré d’imagerie (faible/élevé), la longueur (de 1 à 3 syllabes) et la transparence orthographique (régulier/irrégulier). 

*Points faibles* 
 
Epreuves
19 épreuves n’évaluant que l’unité mot pour une passation de 60 minutes, cela me paraît assez chronophage pour un bilan de première intention !
 
Normes
La batterie et l’étalonnage ont été réalisés en langue française mais sur une population franco-québécoise.

Quelques différences culturelles sont alors à prendre en compte : l’image de la béquille représente la béquille utilisée davantage outre atlantique (béquille axillaire), la fenêtre qui s’ouvre horizontalement, le mot « pic-bois » qui correspond à un oiseau appartenant à la famille du pic vert.
 
Passation
Sur le protocole, il faut bien veiller à ne pas prendre en compte les items d’exemples dans la cotation car visuellement ce n’est pas très saillant. Une ligne plus épaisse ou une couleur différente permettrait de mieux les distinguer.
 


*Points forts*
 
Théorie
Cette batterie semble bien construite sur le plan théorique puisqu’elle s’inspire de modèles cognitifs du traitement de l’information linguistique.
 
Normes
Il est intéressant d’avoir une batterie langagière normée en langue française et non la traduction d’une batterie anglo-saxonne.
Le manuel de la batterie est informatif et plutôt agréable à lire.
Cette batterie prend en compte diverses variables psycholinguistiques en jeu dans le traitement de l’information linguistique : degré d’imagerie, de fréquence, mode et lieu d’articulation, longueur, proximité orthographique…
 
Epreuves
Avoir des tâches de « bas niveau », évaluant l’analyse acoustique-phonologique (tâche de discrimination auditive) et l’analyse visuelle orthographique (appariement de lettres) me semble pertinent et combler un manque à ce niveau concernant les batteries d’évaluation du langage chez l’adulte.
Les stimuli sont épurés et bien présentés.
 
Passation
L’analyse des erreurs est grandement facilitée grâce aux protocoles détaillés qui permettent de mettre en exergue d’éventuels effet d’imagerie, de fréquence, etc.
De plus, je trouve l’épreuve de répétition de mots et de non-mots différée intéressante : un délai de 5 secondes est demandé au patient avant de répéter le mot ou le non-mot. Cela permet d’apprécier plus finement l'atteinte phonologique puisque la forme phonologique s'estompe progressivement au niveau du buffer phonologique.


En résumé, une batterie langagière intéressante et pertinente pour l'évaluation précise des composantes de premier niveau chez l'adulte.

 
 



 


 

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